jeudi 3 juillet 2008

"Si vous m'aimez d'amour" une installation multimedia organisée par Mariaka NISHI et ses amis





En regardant les photos de l'exposition de Mariaka, Sacre et Naastik, ça m'a rappelé des souvenirs.
Petit, quand je passais devant le cinéma du Théâtre de Poitiers, dans les vitrines il y avait les photos des films. Dans les cinémas avant (dans les halls des cinémas des salles d'arts et d'essais aujourd'hui, pas dans les gros complexes supermarché de cinéma des périphéries des villes), il y avait des photos couleurs ou noir et blanc de bonne qualité des scènes du film qui passait.
Accrochées à l'entrée, c'était parfois suffisant de voir ces photos. Parfois même les scènes donnaient mieux en photo qu'en mouvement dans le film.
La photographie c'est magique, et c'est encore plus beau en noir et blanc. Un photographe de cinéma, pas un photographe de plateau, c'est une grosse partie de la créativité du film.
Sur son film La Belle et la Bête, Cocteau demanda à Alekan son directeur de la photographie, de ne pas faire comme il avait l'habitude de faire dans les films de l'époque, c'est à dire des flous artistiques dans une ambiance de brume. Il voulait une image nette et claire.
Ensuite dans Le Testament d'Orphée on retrouve une scène pleine lumière du même type. Tout est blanc net, brille et pourtant on est dans l'imaginaire de Cocteau, dans un rêve. Le Sphinx traverse lentement la scène avec ses ailes blanches déployées.
La Belle et la Bête :http://www.youtube.com/watch?v=EY9tHc-Ea6o&amp
Cocteau et les mythes :http://www.youtube.com/watch?v=EsQS0jjgaFE&feature=related

Après dans mes souvenirs il y a l'Italie de la Dolce Vita.
C'est à dire l'Italie de l'Olympe, aussi imaginaire que réelle avec ses personnages comme des icônes. (Dolce Vita - dernière scène - extérieur plein jour)
Tout se mélange dans ma tête avec les photos de l'expo.
" Et Mastroianni descendit sur la plage et l'enfant courait. La lumière était celle du Sud, d'un Sud bien au-dessous de la Loire et tout baignait en elle. Tous s'arrêtèrent autour d'un groupe de pêcheurs qui tiraient dans leur filet un animal impossible. Etait ce un poisson géant ou une méduse étrange, en tout cas ses deux grands yeux les fixaient.
Plus loin sur la plage il y avait un être, une apparition qui sortait du sol subrepticement puis replongeait comme pour se protéger du soleil. C'était un ange ?
Mastroianni qui n'avait pas dormi de la nuit et dont les sens émoussés par l'alcool le tiraient vers le sol ne prêta pas attention à la scène. Il remâchait son amertume et la lumière ne l'atteignait pas, d'ailleurs combien de rendez-vous avait-il manqué exprès ?"
Dans la scène finale c'est sa muse qu'il abandonne.
La scène finale de la Dolce Vita :http://www.youtube.com/watch?v=0_yA53yXrgY&feature=related

Puis les anges traversent le noir et blanc pour rejoindre la couleur.
Avec Alekan toujours mais chez Wenders beaucoup plus tard.
Les Ailes du désir, mon film préféré, où les anges quittent la religion pour prendre une dimension mythique. La suite des Ailes du désir est un hommage à Alekan. Lorsque les anges descendent sur terre, ils passent du noir et blanc à la couleur, et deviennent terrestres, réalistes, mortels. Les photos de cette expo sont les anges retrouvés dans leur éternité.
(Les ailes du désir - première scène extérieur - plein ciel).
L'ouverture des Ailes du Désir : http://www.dailymotion.com/video/x2sfpr_les-ailes-du-desir-wim-wenders-1987_creation
"C'était un ange, comme ceux que l'on trouve à Berlin, sur les cimes des édifices ou derrière les épaules , invisibles. l'enfant l'aperçut en premier et courut vers lui. Pour l'enfant l'ange se laissa attraper. Les anges étaient descendus de Berlin, avaient-ils pris le train un entre deux trains, pour un rendez-vous avec la lumière. L'homme se tenait debout et sa chemise blanche avait l'élégance qui seyait à l'instant. Un paparazzi le saisit et dans une boîte captura son âme. L'ange emporta son âme et apprit à l'enfant à devenir un marin.
L'espace d'un instant le ciel s'éclaircit au dessus de Berlin, et Marseille ville d'avant les pays confondit un instant les mythes anciens les anges nouveaux et les monstres marins."
Texte de Typote BECK

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